Les personnes rescapées à bord de l’Ocean Viking doivent débarquer de toute urgence dans un lieu sûr

Depuis le lundi 14 février, l’Ocean Viking attend qu’on lui assigne un lieu sûr où débarquer les 247 personnes rescapées à son bord. Alors que leur état de santé se dégrade en raison du mauvais temps, et en dépit des cinq demandes adressées à ce jour aux autorités maritimes compétentes, aucune instruction pour un port de débarquement n’a été envoyée à l’Ocean Viking

Les 247 personnes qui étaient en détresse en mer ont été secourues le week-end dernier et au début de cette semaine lors de cinq opérations distinctes en moins de 36 heures par l’Ocean Viking, le navire humanitaire affrété par l’organisation européenne de recherche et de sauvetage SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).  

Michele Angioni, coordinateur de la recherche et du sauvetage pour SOS MEDITERRANEE sur l’Ocean Viking, affirme : « Il y a plusieurs jours, nous avons effectué cinq sauvetages en moins de 36 heures en eaux internationales, dans les zones de recherche et de sauvetage maltaise et libyenne, sans aucune coordination des autorités maritimes, malgré de nombreux messages et appels de notre part. Après ce week-end intense, nous avons traversé une tempête avec des vagues allant jusqu’à quatre mètres et des vents atteignant 30 nœuds (plus de 55 km/h) ».  

Parmi les 247 personnes secourues, on compte 53 mineur.e.s non accompagné.e.s ainsi qu’un bébé de cinq mois. Certaines des personnes rescapées présentent des marques de torture, comme Amath*, 19 ans, originaire du Sénégal, parti en Libye avec son frère alors qu’il n’avait que neuf ans. Il a expliqué avoir quitté le Sénégal il y a dix ans pour trouver du travail en Libye. Emprisonné à dix reprises dans un centre de détention libyen, il a fréquemment été battu par des gardiens ou des policiers : il en garde de nombreuses cicatrices partout dans le dos. Le jeune homme rapporte aussi avoir été blessé par balle à la jambe alors qu’il tentait de s’échapper.  

« Une fois les personnes secourues ramenées en sécurité à bord de l’Ocean Viking, nous avons soigné des cas d’inhalation des vapeurs de carburant, de brûlures dues au mélange, très corrosif, d’eau de mer et de fuel, ainsi que des infections cutanées » expose Johanna Jonsdottir, infirmière de la FICR. 

« Depuis, les personnes rescapées souffrent de mal de mer et de la déshydratation qui en résulte, de maux de tête et de nausées. Nous constatons également que l’état psychologique des personnes s’aggrave face à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons en pleine mer. Certains ont des blessures anciennes, comme des brûlures, des entorses à la cheville et des blessures par balle, d’autres souffrent de douleurs au dos après avoir été battus », ajoute Eila Rooseli, médecin de la FICR. 

De nombreuses personnes secourues par nos équipes leur ont confié que le seul moyen de s’échapper de Libye était de risquer la dangereuse traversée de la Méditerranée centrale dans une embarcation pneumatique en mauvais état. Ceci, alors même qu’elles en connaissaient les dangers.  

Selon le droit maritime, un sauvetage n’est formellement achevé que lorsque les personnes secourues sont débarquées dans un endroit où leur vie n’est plus menacée, et que leurs besoins fondamentaux sont satisfaits. Trop souvent, les rescapé.e.s doivent subir de longues attentes sur les navires de sauvetage avant d’être autorisé.e.s à débarquer.  

« L’absence de coordination SAR [de recherche et de sauvetage] et d’un mécanisme de débarquement prévisible met en danger la vie et la santé des personnes rescapées depuis plusieurs années maintenant. Cela ne peut plus être la norme. Un navire n’est pas adapté et ne peut en aucun cas être un lieu où retenir des personnes naufragées. Nous avons besoin d’un port sûr pour que ces femmes, ces hommes et ces enfants puissent débarquer sans plus attendre » a conclu Michele Angioni. 

* Les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des personnes qui témoignent. 

Crédit photo: Claire Juchat / SOS MEDITERRANEE

FICR 

La FICR est le plus grand réseau humanitaire du monde, composé de 192 Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui s’emploient à sauver des vies et à promouvoir la dignité dans le monde entier.

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SOS MEDITERRANEE 
Ensemble agissons pour sauver des vies en mer 

Depuis 2014, plus de 23 000 femmes, hommes et enfants sont morts noyés en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune. SOS MEDITERRANEE est une association civile européenne de sauvetage en mer constituée de citoyennes et de citoyens mobilisés pour porter secours à celles et à ceux qui fuient l’enfer libyen par la mer au péril de leur vie. Depuis le début de ses opérations en février 2016, SOS MEDITERRANEE a secouru plus de 34?000 personnes avec l’Aquarius puis l’Ocean Viking. Le quart d’entre elles étaient mineures, 15% étaient des femmes. L’association est basée en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse. Elle a reçu le Prix Unesco Houphouët-Boigny 2017 pour la Recherche de la Paix. 

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