En ce début octobre, les bénévoles de SOS MEDITERRANEE dans une trentaine d’antennes en France et en Italie ont uni leurs voix pour commémorer les victimes du naufrage tragique du 3 octobre 2013 à Lampedusa, rappelant aux États européens le devoir moral et légal qui leur incombe : sauver des vies en mer.
La date du 3 octobre 2013, et plus encore le nom de Lampedusa, demeurent les symboles de l’indifférence face à la noyade, chaque année, de milliers de personnes aux portes de l’Europe. Qui ne garde en mémoire l’image amère d’une interminable série de cercueils, tous identiques, alignés dans le hangar d’un aéroport ?
Deux jours avant le drame qui a fait 368 morts, quelque 500 femmes, hommes et enfants quittent Tripoli, en Libye, dans un chalutier en mauvais état. Le 3 octobre 2013, vers 7h du matin, une panne de moteur stoppe l’embarcation, qui se retrouve en détresse à moins de deux kilomètres de l’île italienne de Lampedusa. L’un des naufragé.e.s tente alors de donner l’alerte en mettant le feu à une couverture, qui ne tarde pas à enflammer le fioul répandu sur le sol. L’incendie se propage. Prises de panique, plusieurs personnes se jettent à la mer, puis l’embarcation chavire. Seul.e.s 155 rescapé.e.s survivront, d’abord secouru.e.s par des pêcheurs, puis par les garde-côtes italiens.
« Réveiller les consciences »
Dix ans jour pour jour après ce drame, de Milan à Caen, en passant par Rome, Catane, Le Mans ou Foix, des femmes et des hommes ont rendu hommage aux 368 victimes du naufrage de Lampedusa, survenu le 3 octobre 2013. Ici le témoignage d’un survivant de cette tragédie ou celui d’un marin-sauveteur, là une procession à la bougie, une minute de silence dans un lycée, une projection-débat, une veillée funèbre ou encore des lectures ponctuées d’une corne de brume sur la place publique.
À Caen par exemple, dans le Calvados, une minute de silence suivie de la lecture de témoignages de personnes rescapées ont marqué les esprits. Les bénévoles ont rappelé que « le naufrage de Lampedusa a réveillé les consciences, et amené à la création de SOS MEDITERRANEE » en 2015. Pourtant, « dix ans plus tard, nous sommes toujours au même point… Voire pire ! Les naufrages sont de plus en plus meurtriers, et notre association a toujours besoin d’aide. Chaque jour en mer coûte 24 000 €. Et surtout, aucune décision étatique n’a été prise sur la création d’une flotte européenne de sauvetage en mer. »
Les bénévoles de SOS MEDITERRANEE ont voulu une fois de plus mobiliser les consciences et inciter les pouvoirs publics à mettre un terme au naufrage de notre humanité, alors même que la mortalité est au plus haut depuis 2017 en Méditerranée centrale. Depuis le naufrage de Lampedusa, nous avons assisté à « 10 ans de honte ».
Photo en haut de page : Luciano Gallo / SOS MEDITERRANEE
Musique: Serge Quadrado / Pixabay